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Le monde de Mara volume 2
22 août 2023

Captive ❋❋❋ Margaret Atwood

 

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Publié par les éditions 10/18 

613 pages

9,20 euros

première publication VO: 1996

première publication VF: 1998

traducteur: Michèle Albaret-Maatsch

titre original: Alias Grace

 

 

Résumé:

1859 : Grace Marks, condamnée à perpétuité, s'étiole dans un pénitencier canadien. A l'âge de seize ans, Grace a été accusée de deux horribles meurtres. personne n'a jamais su si elle était coupable, innocente ou folle. Lors de son procès, après avoir donné trois versions des faits, Grace s'est murée dans le silence : amnésie ou dissimulation ?

Le docteur Simon Jordan veut découvrir la vérité. Gagnant sa confiance, Jordan découvre peu à peu la personnalité de Grace, qui ne semble ni démente ni criminelle. Mais pourquoi lui cache-t-elle les troublants rêves qui hantent ses nuits ?

Inspiré d'un sanglant fait divers qui a bouleversé le Canada du XIXe siècle.

 

 

 

 

Commentaire:

 Ce pavé/épais est dans ma PAL depuis 2017! Je l’avais acheté suite à ma lecture de La servante écarlate. Depuis, malgré plusieurs challenges estivaux, je n’avais jamais réussi à dépasser les premières pages. Pas le bon moment sans doute. Car cette année, j’ai recommencé ma lecture et je suis allée au bout! En soit c’est déjà une victoire…

Captive nous plonge dans le Canada du XIXème siècle et est inspiré d’un fait divers qui a fait parlé de lui à l’époque. Un propriétaire et sa femme de charge sont sauvagement assassinés par leur homme à tout faire et leur servante. Dit comme ça, ça a l’air simple. Mais le propriétaire couchait avec sa femme de charge et les circonstances des meurtres sont flous. Mobiles, coupables, qui a fait quoi… la réalité s’est mélangée à la fiction des journaux et de la population canadienne. Et puis il y a la servante: Grace Marks. 16 ans au moment des faits et depuis 6 semaines seulement dans la maison. Est-elle un monstre à visage d’ange qui a orchestré le massacre du début à la fin ou bien une victime elle aussi qui a été obligé de suivre le second accusé, James McDermott, car elle tenait à la vie? C’est là tout l’intérêt du roman, savoir qui est réellement Grace Marks.

Nous nous trouvons en 1859, soit 16 ans après le double meurtre. Grace Marks se trouve au pénitencier de Kingston et certains bourgeois de la ville pensent qu’elle est innocente et sont bien décidés à la faire libérer. Pour cela, ils font appels au docteur Simon Jordan, dont la spécialité est ce qu’on pourrait appeler la psychiatrie. Il va donc passer de longues heures avec Grace pour tenter de comprendre la jeune femme. Et c’est comme cela qu’elle va nous raconter son histoire depuis son enfance en Irlande.

C’est donc Grace qui raconte une grande partie de l’histoire. Avec son style et sa façon de parler. Le roman est écrit comme si elle parlait réellement, ce qui fait que le style est atypique et qu’il faut s’accrocher par moment. Mais finalement j’ai trouvé que ça ancrait le texte dans une réalité. Comme si on écoutait un vrai témoignage. Grace parle pour faire plaisir au docteur Jordan et comme elle croit qu’il veut entendre un maximum de choses, elle raconte tout dans les moindres détails. Détails réels ou imaginés, nous ne le saurons jamais. Nous assistons à l’évolution de Grace jusqu’à son arrivée chez son nouveau maitre (la future victime) et nous passons notre temps à nous demander pourquoi. Pourquoi ces deux êtres à la dérive (Marks et McDermott) en sont arrivés à tuer aussi sauvagement? Si l’auteure n’apport pas de réponse franche à cette question (histoire inspirée d’un fait réel mais fictionnée en partie), on peut supposer que si les deux ne s’étaient jamais rencontrés, rien ne se serait passé. 

En plus de l’histoire de Grace, nous suivons l’histoire du docteur Jordan, qui nous propose un parallèle intéressant avec l’histoire de Grace. Sans en dire plus, j’ai aimé ce que nous propose l’auteure. Un même problème, deux solutions. Le docteur Jordan vient étudier Grace comme on étudie une souris. Cette étude est un tremplin pour sa future carrière et sa volonté de créer un asile. Mais peu à peu, il va être captivé par Grace. La prisonnière est-elle un ange ou une mante religieuse?

Le gros point noir du roman c’est la façon dont sont perçu les femmes par les protagonistes masculins du roman. Ils sont tous misogynes, à un degré tel qu’on a envie de les frapper à chaque fois qu’ils émettent un son. Il faut néanmoins se mettre dans le contexte, le roman se passe en 1859 et c’était la façon de penser de l’époque (même si on ne peut pas la cautionner). Les propos m’ont fait grincer des dents tout au long du roman, mais j’ai réussi à passer au-delà. Mais cela peut déranger plus d’un lecteur je pense.

Il est intéressant de voir comment les hommes de l’époques traitaient les femmes et le peu de cas qu’ils faisaient de ce qu’elles disaient. Toutes femmes qui ne rentraient pas dans les cases prévues par ces messieurs étaient forcément folles. Tous les hommes du roman ont d’ailleurs un avis sur la question.

Le roman est également une approche de la médecine du XIXème siècle sur les maladies mentales. Les médecins commencent à s’intéresser un peu plus à cet aspect de l’Homme. Les maladies mentales sont encore un grand mystère, surtout que la religion tient encore une grande place. Le dédoublement de personnalité est expliqué souvent par une possession par exemple. Divers courants de pensée sont expliqués au cours du roman et j’ai apprécié de voir les différentes oppositions qu’il pouvait y avoir.

Roman dense qui n’apporte pas de réponse tranchée sur la culpabilité ou non de Grace. Les lecteurs qui aiment les romans avec une fin claire seront déçus. Pour les autres, comme moi, il suffit de se faire sa propre opinion au vue des éléments apportés. Même si l’auteure laisse de nombreuses pistes ouvertes… Je suis curieuse de voir la mini-série qui a été tirée du roman et de voir la manière dont les éléments ont été traités.

Je suis encore une fois bluffée par Margaret Atwood. A chaque fois, le style et le thème sont différents. Et le résultat est à la hauteur. Même si pour ce roman en particulier, je pense que c’est quitte ou double selon les lecteurs! Une excellente lecture, il me fallait juste attendre le bon moment finalement…

 

 

Lecture en août 2023

De la même auteure:

"Série La Servante écarlate" La servante écarlateLes Testaments.

 L'Odysée de Pénélope;

 

Lecture dans le cadre du challenge Pavés de l’été 2023: 14

 

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Page récapitulative chez Sibylline

 

 

Lecture dans le cadre du challenge Les épais de l’été 2023: 14

 

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Page récapitulative de Ta d loi du cine chez Dasola

 

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Commentaires
T
Bonjour Mara<br /> <br /> Faisant mes habituelles recherches, j'ai vu qu'initialement condamnée à mort, la jeune fille avait finalement passé fort longtemps en prison... <br /> <br /> Cette "observation" d'une condamnée me fait un peu songer à Truman Capote suivant "ses" condamnés pour rédiger "De sang-froid". Sauf qu'ici, on ne sait pas si le docteur Simon Jordan, lui, est un personnage ayant existé ou non?<br /> <br /> Ca me rappelait aussi une autre histoire d'assassinat par des "domestiques": j'ai retrouvé la référence, il s'agissait de l'affaire Papin.<br /> <br /> Et un "épais" de plus en tout cas, bravo!<br /> <br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
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