Le chevalier d'Aliénor (Guillaume Le Maréchal tome 1) ❋❋❋ Elizabeth Chadwick

Publié par les éditions Hauteville 

662 pages

9,95 euros

première publication VO: 2005

première publication VF: 2021

traducteur: Fanny Adams

titre original: The greatest knight

Résumé:

1167, duché de Normandie. Jeune chevalier désargenté et sans perspective, Guillaume le Maréchal sort de l’anonymat en sauvant la reine Aliénor d’Aquitaine des mains de ses assaillants. En récompense, elle le charge de l’éducation guerrière et de la protection de son fils Henri, l’héritier au trône d’Angleterre occupé par son père, Henri II Plantagenêt.

Mais la position de favori de la famille royale ne vaut pas à Guillaume que renom et gratifications, et il ne tardera pas à faire les frais de la jalousie et de la rivalité des autres chevaliers. Certains courtisans ne tarderont pas à comploter dans l’espoir de causer sa perte alors qu’il est promis à la plus belle femme du royaume…

Commentaire:

 L’année dernière, j’avais lu les deux premiers tomes de la trilogie d’Elizabeth Chadwick sur la reine Aliénor d’Aquitaine. En attendant la parution du tome 3 en poche, j’avais acheté le premier tome de la trilogie sur Guillaume Le Maréchal de la même auteure. Les deux trilogies étant intimement liées, nous voyons certains évènements d’un point de vue différent.

Guillaume Le Maréchal fut surnommé le meilleur chevalier du monde à son époque et pourtant son nom est tombé dans l’oubli. Il n’est connu que des spécialistes de cette époque. C’est pourquoi j’ai apprécié le découvrir au travers de ce roman, certes romancé mais qui apporte plein de connaissances sur le personnage.

Le roman commence quand le jeune Guillaume est envoyé comme otage auprès du roi Etienne. Pour assurer la loyauté (ou l’absence de rébellion) de certains nobles, il était courant à l’époque d’utiliser les jeunes enfants comme otages. Nous retrouvons ensuite le jeune Guillaume quelques années après quand Henri II est roi aux côtés d’Aliénor. Il va devenir chevalier et va peu à peu devenir quelqu’un qui compte, tout en se faisant un certains nombres d’ennemis. Grâce à lui, nous allons suivre les années où règne Henri II et ses problèmes avec ses fils (Henri le jeune, Richard Coeur de Lion, Jean sans Terre,…). Ce sont des années mouvementées pour l’Angleterre et la France. En effet, à cette époque, le roi d’Angleterre possède des terres sur le continent (Maine, Anjou, Touraine, Normandie, Aquitaine, Bretagne) et son domaine dépasse en taille celui du roi de France. Le roman est ainsi ponctué de batailles, entre la France et l’Angleterre ou entre Henri II et ses fils. C’est vraiment intéressant, même si parfois c’est un peu complique à comprendre (les différents liens « hiérarchiques » par exemple).

Guillaume est l’image même du chevalier du Moyen-Age et de l’amour courtois. Son sens moral est très fort et quand il donne sa loyauté il ne change pas d’avis (quitte à en payer le prix). Mais finalement, son respect des engagements lui vaut l’admiration de ses ennemis. Parfois son sens moral vacille et sa conscience le travaille. En résultera un voyage en Terre Sainte. Ce voyage est passé quasiment sous silence, il faudra attendre le tome 3 pour en savoir plus. Mais les quelques détails distillés ici et là donnent vraiment envie d’en savoir plus.

Ce premier volume se déroule entre 1167 et 1194, soit juste après la libération de Richard. Guillaume a alors une quarantaine d’année. Il est à la moitié de sa vie environ. Il est marié, père de famille, un membre important de la Cour. Mais il est très facile de passer d’un extrême à l’autre à cette époque et sa place près du roi reste précaire. Surtout qu’elle est dû en grande partie à l’estime qu’Aliénor lui porte. Et que la reine n’est plus toute jeune… Reste à voir comment tout cela va évoluer dans le deuxième tome et la seconde moitié de vie de Guillaume.

Le titre français est trompeur je trouve. Guillaume étant attaché à différents rois et princes au fil des ans, mais jamais rattaché directement à la reine Aliénor. Certes elle favorise son avancée dans le monde, mais il gagne sa réputation à sa seule force et au service d’hommes. Le titre laisse supposer une relation plus intime ou importante que celle d’un chevalier et d’une reine. 

Si le roman est consacré à un homme entouré de nombreux hommes, il y a quand plusieurs portraits de femmes: celles qui ont compté pour Guillaume. Il est intéressant qu’elles sont toutes montrées sous un jour positif. Comme dans l’amour courtois où l’on célèbre sa dame. Ce sont des femmes fortes, qui se battent toutes à leur manière pour survivre dans ce monde d’hommes extrêmement violent. Selon leur statut sociale, leur destin est tout tracé. Les plus pauvres devront survivre grâce à leurs corps, les riches héritières serviront de pions dans les alliances des hommes. Plus que jamais la femme n’a pas voix au chapitre à cette époque.

Bien que romancé, ce roman nous brosse un portrait intéressant d’un chevalier et des intrigues royales (de France et d’Angleterre) à l’époque d’Henri II et d’Aliénor. Les batailles, les intrigues de Cour, l’amour courtois, les alliances, les relations familiales, les croisades,… On est plongé dans l’époque et on apprend plein de choses. Il est intéressant ensuite d’aller comparer les faits historiques (ceux disponibles sur le net) pour se rendre compte que Elizabeth Chadwick n’édulcore pas beaucoup son récit. Elle nous donne même le titre d’un ouvrage en français pour ceux qui voudraient parfaire leurs connaissances sur Guillaume. Pour ma part, il ne me reste plus qu’à attendre le tome 2…

Lecture en juillet 2023

De la même auteure:

"Série Aliénor d'Aquitaine" L'été d'une reine; L'automne d'une reine; 

Lecture dans le cadre du challenge Pavés de l’été 2023: 9

Page récapitulative chez Sibylline

Lecture dans le cadre du challenge Les épais de l’été 2023: 9

Page récapitulative de Ta d loi du cine chez Dasola

Comments

[ta d loi du cine]

Bonjour Mara

Je connaissais le nom de ce troisième Guillaume célèbre (outre Guillaume le conquérant et Guillaume d'Orange - oublions le Kaiser), mais je n'aurais pas forcément su le placer dans son juste siècle (2e moitié du XIIe - début XIIIe) avant vérification. j'ai jeté un oeil sur sa page Wikip', il semble effectivement avoir eu une vie active et bien remplie et une grande renommée à son époque.

Les romans médiévaux que je lisais quand j'étais plus jeune étaient plutôt à destination d'un public enfantin (les saga de Jacqueline Daumesnil en "Rouge & Or", par exemple...), ou bien pas mal de bandes dessinées... Là, tu nous as déniché un "épais volume". Merci pour ta neuvième participation à nos challenges estivaux!

(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola