M, le bord de l'abîme ❋❋❋ Bernard Minier
Publié par Pocket
626 pages
9,50 euros
première publication: 2019
Résumé:
Hong Kong. Entre ses rues frénétiques et ses néons insomniaques, la ville dresse ses gratte-ciel. D’immenses aquariums technologiques où se décide le futur de l’humanité. C’est là, dans l’atmosphère poisseuse de l’été tropical, qu’une Française, Moïra, intègre la firme Ming, concentré d’intelligence artificielle censé devancer nos désirs. Mais pour la jeune femme, l’utopie vire au cauchemar. Derrière les murs du centre ultrasecret, des employées sont retrouvées mortes, violées, torturées. Que cherche vraiment l’empire Ming ? Bienvenue chez M… Au bord de l’abîme.
Commentaire:
De Bernard Minier, je n’avais lu pour le moment que des romans avec son héros récurrent Martin Servaz. J’étais donc curieuse de le découvrir dans un « univers » un peu différent. Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’on est loin des aventures de Martin. Direction Hong Kong et le monde des entreprises qui travaillent sur l’intelligence artificielle… Moïra, une jeune française, intègre la célèbre entreprise Ming, l’une des entreprises leadeuses sur le marché mondial et numéro 1 en Chine. Son travail? Travailler sur l’intelligence artificielle qui demain sera présente aux côtés de chaque être humain pour répondre à chaque question. On pourrait croire que le plus grand danger dans ce monde, c’est la fuite de secrets industriels. Mais finalement, l’Homme reste le même, technologie ou non. Un tueur rode dans la ville et viole, torture et tue des femmes. Il a déjà fait trois victimes…
Ce roman est un mélange de plusieurs genres. Il y a d’abord, le polar classique avec la recherche de l’identité du tueur. On va soupçonner tour à tour les personnages rencontrés. Pour finalement se dire qu’en se basant sur les faits on aurait pu trouver beaucoup plus tôt. Cette enquête nous permet de découvrir la police hong-kongaise et ses particularités. J’aurai aimé que le duo de flics soit un peu plus fouillé. Le jeune manque d’aspérités selon moi. Et les défauts du vieux sont trop peu explicités.
Deuxième genre qu’aborde le roman: le thriller technologique. J’ai beaucoup aimé cet aspect. Il y ait question d’internet, de réseau connecté, d’IA, de respect de la vie privée… A la lecture du roman, on n’a qu’une envie: ne plus aller sur internet et ne plus se servir d’aucun objet connecté. Je le savais déjà mais grâce à nos objets connectés et à nos passage sur le net, ces grandes entreprises qui ont pour business le traitement de data ont accès à l’ensemble de notre vie privée. Ils en savent plus sur vous que vos êtres proches, voire même que vous-même. Qui n’a jamais parlé d’un produit ou d’une marque à proximité de son téléphone et qui en allant ensuite sur le net ou sur un réseau social été envahi de pub pour le produit et/ou la marque en question? C’est assez flippant quand on y pense. Et bien dans le roman, on va s’intéresse aux assistants connectés qui répondent à la moindre de vos demandes. Science-fiction? Et bien non. Siri, Alexa, Google Nest,… ils existent déjà et sont présents dans de nombreux foyers. Et ils ne sont jamais éteints, ils enregistrent tout, tout le temps. Là où le roman va encore plus loin, c’est quand l’assistant répond à une de vos questions de façon biaisé. Par exemple, si vous lui demandez quelle est la meilleure pizza et qu’il vous répond la marque Y parce qu’on lui a appris que c’était la meilleure. Il ne se base plus sur des faits objectifs, mais sur un apprentissage biaisé. Avec l’avènement d’Internet, les gens sont de plus en plus crédules. Ils croient tout ce qu’ils voient sur internet, sans aucun esprit critique. Il serait donc facile de manipuler les esprits… Ça fait froid dans le dos!
Troisième genre qu’aborde ce roman: le guide touristique. Je ne sais pas si c’est voulu, mais Bernard Minier nous propose une vraie visite de la ville. Au début ça va. Mais plus on avance, plus on a l’impression que c’est du remplissage plus qu’autre chose. Quand on nous décrit à la rue près le trajet du personnage, ça va bien 5 minutes. Mais comme je n’ai jamais mis à les pieds à Hong Kong, ça a plus tendance à m’agacer. Je ne visualise pas, donc je n’en vois pas l’interêt. Je suppose que c’est pour ancrer le récit dans la ville, qui est un personnage à part entière. Mais avec moi ça ne fonctionne pas.
Le roman est très addictif. Au début, j’avais une crainte car je ne voyais pas où l’auteur voulait aller. Et puis passé une centaine de pages, tout s’est enchainé et on avait envie de savoir, de comprendre. On suit Moira une très grande partie du roman et elle réussit à ne pas être horripilante. Je ne dirais pas que j’ai eu un coup de coeur pour elle, mais au moins elle ne m’a pas dérangé. Le seul bémol que je mettrai c’est qu’on ne la sent pas assez perdue au milieu de ce nouveau monde. Elle est dans un pays où elle ne parle pas la langue et ça ne lui pose finalement pas réellement de problème. Elle ne se mêle pas à la vraie population de Hong Kong. C’est dommage. Et puis j’avais grillé le secret de Moira depuis quasiment le début et ça enlève une partie de la force de la révélation…
Un thriller haletant qui nous force à nous interroger sur le monde ultra-connecté qui entoure et ses dangers. Et qui nous prouve encore une fois que le Mal utilisera toujours tout les moyens à sa disposition pour continuer à croitre…
Lecture juin 2023
Du même auteur:
"Série Martin Servaz" Le cercle;
Lecture dans le cadre du challenge Pavés de l’été 2023: 2
Page récapitulative chez Sibylline
Lecture dans le cadre du challenge Les épais de l’été 2023: 2
Page récapitulative de Ta d loi du cine chez Dasola
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