La rivière noire (Commissaire Erlendur Sveinsson tome 9) ❋❋❋ Arnaldur Indridason

Publié par Métailié 

300 pages

19 euros

première publication VO: 2008

première publication VF: 2011

traducteur: Eric Boury

titre original: Myrka

Résumé:

Dans un appartement à proximité du centre-ville, un jeune homme gît, mort, dans un bain de sang. Pas le moindre signe d’effraction ou de lutte, aucune arme du crime, rien que cette entaille en travers de la gorge de la victime, entaille que le légiste qualifie de douce, presque féminine. Dans la poche de sa veste, des cachets de Rohypnol, la drogue du viol… Il semblerait que Runolfur ait agressé une femme et que celle-ci se soit ensuite vengée. 

Un châle pourpre trouvé sous le lit dégage un parfum puissant et inhabituel d’épices, qui va mettre Elinborg, l’adjointe d’Erlendur et cuisinière émérite, sur la piste d’une jeune femme. Mais celle-ci ne se souvient de rien, et bien qu’elle soit persuadée d’avoir commis ce meurtre rien ne permet vraiment de le prouver. Des indices orientent les inspecteurs vers d’autres sévices soigneusement tenus secrets. 

En l’absence du commissaire Erlendur, parti en vacances, toute l’équipe va s’employer à comprendre le fonctionnement de la violence sexuelle, de la souffrance devant des injustices qui ne seront jamais entièrement réparées, et découvrir la rivière noire qui coule au fond de chacun.

Commentaire:

 Retour en Islande avec un meurtre en lien avec des viols commis en utilisant la drogue du violeur. Après les évènements du tome précédent, Erlendur est parti en vacances, un peu abruptement semble-t-il. Ce nouveau tome va donc se concentrer sur Elinborg qui est en charge de l’enquête. J’ai aimé ce changement de point de vue. C’est l’occasion de découvrir la vie de l’adjointe d’Erlendur autrement qu’à travers les yeux du commissaire. On la savait bonne cuisinière, mais ici on découvre sa philosophie de la cuisine et d’où cela vient. On découvre également sa vie de famille, son compagnon et ses enfants. J’ai aimé en apprendre plus sur elle, la comprendre. Si la vie d’Erlendur est chaotique, celle de son adjointe l’est aussi d’une autre manière. J’espère que fera d’autres focus sur elle par la suite, car j’aimerai voir comment certaines choses vont évoluer.

L’enquête nous entraine dans dans le monde des violeurs qui utilisent le Rohypnol. Mais cette enquête va aussi nous entraîner dans le monde de la vengeance, des non-dits et des petites communautés rurales. Elinborg n’a rien à envier à son supérieur question ténacité. Même quand des suspects avouent, elle ne se contente pas de prendre les faits pour acquis. Elle est même des fois un peu borderline en faisant cavalier seul. C’est semble-t-il une caractéristique des membres de l’équipe d’Erlendur. Je suis curieuse de voir Si Sigurdur est fait du même bois. J’espère que nous aurons un tome qui le mettra au premier plan (il y a peut-être un tome précédent qui le fait, mais je ne les ai pas tous lu).

L’enquête est intéressante, elle met en avant ce qu’on peut faire pour les siens. C’est le thème récurrent du roman. L’Homme a la capacité de faire beaucoup de choses, par forcément juste, quand on s’attaque à sa famille. Et encore une fois, on parle d’une disparition non résolue. L’Islande est vraiment une terre de disparition mystérieuse. Le nombre de parents qui ne sauront jamais ce qu’il est advenu de leurs enfants est impressionnant.

J’aime cette série pour la peinture de la société islandaise, si différente de la notre. Terre isolée, l’influence étrangère est encore très limitée et a du mal à s’imposer dans les générations actuelles. Elle arrive à se faire un début de place avec la future génération. C’est toujours perturbant de voir que les islandais n’ont pas de nom de famille et que pour les différencier on utilise le prénom de leur père. Cela pose problème quand on ne connait pas le nom de celui-ci.

Je suis fascinée par cette société et par son fonctionnement. Je suis curieuse de savoir dans quelle mesure les faits racontés sont exactes. Toujours est-il que j’aime découvrir d’autres cultures, d’autres sociétés et les polars d’Arnaldur Indridason sont parfaits pour ça.

Lecture en décembre 2022

Du même auteur:

"Série Commissaire Erlendur Sveinsson" Les fils de la poussière; Les roses de la nuit; L'homme du lac; Hiver arctique; Hypothermie;